Pour autant, les arboriculteurs de France n’ont aucunement à rougir de leurs pratiques. Les progrès depuis 15 ans ont été extraordinaires et ils se poursuivent grâce à la Recherche et à l’expérimentation qu’ils réalisent ensemble.
J’ai été profondément affecté par ce reportage mais également par l’équipe de cette société de production qui a abusé de la confiance que je lui avais accordée alors que je lui avais bien volontiers ouvert mon verger, prenant du temps pour lui présenter mon exploitation.
Un verger écologique
Je pratique une arboriculture raisonnée dans laquelle se combinent des interventions avec des moyens biologiques et en dernier recours avec des produits phytosanitaires de synthèse. Le jour de la visite de la société de production, quand a eu lieu le reportage, c’est précisément une intervention agréée en agriculture biologique qui était en cours. Les images ont été diffusées sur France 3 mais sans mention de cette explication…
Oui, un virus vivant utile est naturel et homologué en agriculture biologique mais présenté comme « hautement toxique » par la réalisation.
La société de production a coupé toutes les explications données qui permettent à mon verger d’épouser au mieux la nature : faible fertilisation organo-minérale, balayage des feuilles à l’automne pour réduire le plus possible l’inoculum de tavelure, préservation des typhlodromes pour contrôler les acariens, confusion sexuelle associée au fameux virus de la granulose pour lutter contre le vers de la pomme, surveillance quotidienne au verger pour adapter les interventions aux problèmes rencontrés et malheureusement de plus en plus souvent des prises de risques qui ont pour conséquences des pertes de récoltes.
Sur mon verger, les solutions alternatives sont poussées le plus loin possible. A tel point que je cultive également une variété appelée Délisdor, sur laquelle les champignons (tavelure) ont peu de prise et qui permet de réduire considérablement les interventions.
Adepte des solutions respectueuses de l’environnement, j’ai la responsabilité d’une association d’arboriculteurs (Venoge) où nous développons un programme écologique de création variétale aux fins de sélectionner une ou plusieurs variétés adaptées à notre terroir du sud ouest qui associerait rusticité, auto éclaircissage, faible alternance et très bonne qualité de fruits. Nous venons provisoirement de baptiser une variété issue de ce programme Laide d’Aquitaine que nous commençons à planter et à sugreffer au printemps. Cette variété n’est certes pas très belle à l’œil mais elle est très bonne et offre des caractéristiques agronomiques intéressantes pour l’environnement.
Des solutions alternatives
Cet engagement est une vraie conviction que j’ai voulu partager avec mes confrères de l’Association Nationale Pommes Poires. Engagé depuis dix ans en tant que président de la commission technique, et aujourd’hui comme Président de l’Association elle-même, j’ai contribué avec d’autres à faire progresser les pratiques arboricoles bien au delà de la pomiculture. J’accompagne la filière vers des pratiques alternatives toujours plus respectueuses de l’environnement et de la santé du consommateur tout en garantissant la qualité des fruits.
J’ai été très touché de voir l’Association Nationale Pommes Poires et tous ses membres regroupés derrière moi pour me soutenir dans la défense de mon honneur professionnel.
On ne peut pas laisser dire que les pommes françaises, produites dans l’un des pays parmi les stricts au monde en matière d’encadrement des techniques culturales et de limites de résidus, par des arboriculteurs transparents[1] sur leurs méthodes de production raisonnée, seraient impropres à la consommation. Je demande d’ailleurs aux pouvoirs publics de confirmer publiquement que les analyses présentées dans le reportage, même si ce ne sont pas les miennes, sont parfaitement conformes à la législation et que les pommes ainsi produites en France peuvent être consommées en toute sécurité.
Paysan de Charente, je suis également un passionné du débat public. C’est dans cette optique que j’ai ouvert dès 2005 mon blog. Si le travail des journalistes se fait bien souvent dans des conditions difficiles et avec peu de moyens, une société de production audiovisuelle comme celle à laquelle j’ai eu affaire exploite un filon financier aux seules fins de réaliser des profils sur le dos des paysans".
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