La cinétique d’absorption de l'azote par le blé est loin d’être linéaire. Faible en début de cycle, les besoins en azote augmentent sensiblement à partir de la montaison pour atteindre un pic entre le stade « 2 noeuds » et le stade « floraison ». L’intérêt du fractionnement de l’azote est donc manifeste. Il permet de suivre au plus près les besoins en azote du blé tout au long de son cycle. Les experts s’accordent pour dire que le fractionnement en trois apports est la stratégie la plus efficace pour viser à la fois des hauts rendements et des fortes teneurs en protéines.
Le raisonnement de la fertilisation azotée du blé doit intégrer trois critères : la dose totale, le fractionnement et la forme de l’engrais. La dose totale à apporter est calculée selon la méthode du bilan. Elle correspond à la différence entre les besoins de la plante et les fournitures du sol en azote. Ces fournitures comprennent principalement le reliquat d’azote en sortie d’hiver (RSH), la minéralisation des résidus du précédent, les arrière-effets des effluents, et la minéralisation de l’humus du sol. Le besoin total en azote se calcule à partir de l’objectif de rendement et du besoin unitaire du blé en azote qui varie selon les variétés. Il se situe en moyenne autour de 3 kg par quintal produit.
Afin de suivre au plus près les besoins azotés du blé tout au long de son cycle, il est conseillé de fractionner l'azote en trois apports. Le premier est apporté au stade tallage, le second au stade épi 1 cm, et le dernier entre le stade 2 noeuds et le stade gonflement.
Maintenir l’alimentation azotée du blé jusqu’à début montaison
Le premier apport est généralement effectué au stade « tallage » ce qui correspond dans la plupart des régions à la sortie de l’hiver. Il se limite généralement à 40 kg N/ha car les besoins du blé en sortie d’hiver sont assez faibles. Cet apport permet de maintenir l’alimentation azotée de la culture jusqu’au moment du 2ème apport. Il peut néanmoins être retardé, voire annulé, si les fournitures d’azote sont suffisantes. Attention, l’apport d’azote au tallage ne compense en aucun cas un défaut de plantes ou déficit du nombre de talles liés à de mauvaises conditions de semis.
Satisfaire les besoins élevés du blé courant montaison
Le deuxième apport d'azote doit être positionné juste avant début montaison, phase durant laquelle la production de biomasse est la plus importante. La plante absorbe alors une importante quantité d’azote. Entre le stade 2 noeuds et le gonflement, le blé peut absorber jusqu’à 7 kg d’azote par hectare et par jour ! Le 2ème apport est donc le plus conséquent. Toutefois, il peut être fractionné en 2 apports courant mars – début avril, afin de limiter les risques de mauvaise efficacité en cas de conditions sèches. Pour déterminer la dose à apporter il faut soustraire à la dose totale la quantité d’azote apportée au stade tallage et la dose d’azote réservée pour le 3ème apport ou le pilotage.
Assurer une teneur en protéines des grains élevée
Enfin, le dernier apport est réalisé généralement entre le stade 2 noeuds et le stade gonflement. Il a deux objectifs, l’un est de poursuivre l’alimentation et la production de grains du blé, l’autre est d’augmenter la teneur en protéines des grains. Un apport de l’ordre de 40 à 80 unités améliore la teneur en protéine des grains de 0,3 à 0,5%. Ce 3ème apport se révèle être très efficace car il intervient après la régression des talles inutiles. Le transfert d’azote vers les feuilles du haut, les épis, puis les grains est plus rapide.
Pour vous aider à bien ajuster la fertilisation azotée aux besoins du blé tendre, il existe des outils d'aide au pilotage tels que Farmstar ou Jubil.
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