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Financière agricole : les administrateurs s'écrasent, l'UPA marque sa dissidence

Par Jean Moullart | Publié le 02 Avril 2010 à 14:44
Financière agricole : les administrateurs s'écrasent, l'UPA marque sa dissidence
Réunis hier en conseil d’administration, les administrateurs de la Financière agricole du Québec (FADQ) ont adopté la mise en place des pires mesures jamais connues pour l’avenir de l’agriculture québécoise. Malgré la dissidence des cinq représentants agricoles au conseil d’administration, la FADQ a décidé quand même d’aller de l’avant avec des mesures de resserrement dans l’application de l’Assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) qui précipiteront des milliers de fermes tout droit vers la faillite. Les représentants agricoles ont justifié leur dissidence par l’absence d’étude d’impacts et la présentation de prévisions financières jugées erronées et incomplètes.
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Pour l’UPA, ces mesures supplémentaires d’efficacité des modèles, C’est simplement un moyen déguisé pour la société d’État d’économiser sur le dos des agriculteurs. En effet, une analyse économique de l’UPA sur les impacts de ces mesures à la ferme et sur les budgets de la FADQ démontre clairement que c’est 400 à 500 M$ que la société engrangera au cours des cinq premières années, autant d’argent qui devrait plutôt servir à soutenir les revenus des entreprises agricoles en période plus difficile. Soulignons qu’une étude produite par un actuaire indépendant démontre sensiblement la même chose.

C’est la grande majorité des entreprises agricoles visées qui vont tomber dans le rouge, les petites comme les grosses, les plus efficaces comme les moins, autant celles qui sont dans des régions éloignées que dans les régions plus limitrophes. Faut-il, pour arriver à se faire comprendre, démontrer par l’absurde, par la faillite de millier de fermes, que finalement ces mesures « extrêmes » n’étaient pas une bonne idée, et qu’on est allé trop loin, qu’on s’est trompé! Malheureusement, il sera trop tard!

Rappelons que le gouvernement avait décidé de miser sur l’avenir de l’agriculture en conférant à la FADQ une enveloppe annuelle de 630 M$, enveloppe qu’il a reconfirmée mardi dernier dans son discours du budget. Les producteurs agricoles ont salué cette décision et se sont dits prêts à mettre l’épaule à la roue pour fonctionner à l’intérieur de cette enveloppe. Mais encore faut-il que l’argent soit réellement déboursé, ce qui ne sera pas le cas. Par ailleurs, une mesure anti déficit qui limite annuellement le niveau de compensations globales à l’ASRA avait été adoptée et les producteurs avaient déjà accepté des mesures de resserrement de l’ordre de 80 M$ par année. Au-delà de cela, c’est le point de rupture.

Pour l’UPA, les administrateurs de la FADQ manquent complètement de sensibilité à l’égard des familles agricoles et se proposent d’envoyer sur la paille des milliers d’entre elles. Une décision de cet ordre, avec les conséquences déstructurantes qu’elle entraîne sur notre agriculture et l’économie de nos régions, ne doit tout simplement pas être appliquée.

Refusant même la possibilité de faire une recommandation au gouvernement afin de donner aux entreprises agricoles la chance de reprendre leur souffle, les administrateurs de la FADQ ont aussi fait preuve d’un manque de courage inacceptable. La FADQ disposait pourtant de la marge de manœuvre pour suspendre ces mesures tout en respectant le cadre financier établi. D’autant plus que le ministre avait demandé que des recommandations sur certaines mesures proposées lui soient formulées.

Le gouvernement a encore le temps et la possibilité de donner un alignement responsable et une vision à long terme pour l’agriculture. Nous l’invitons à réviser sa directive avant qu’il ne soit trop tard, que l’agriculture québécoise ne soit plus que l’ombre d’elle-même et que le Québec ne soit définitivement plus dans notre assiette!


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