"Nous lui dirons que dans la perspective des nouvelles règles de politique agricole commune pour 2013, il y a des solutions", affirme José Bové.
"L'artillerie lourde de l'agro-industrie n'est pas irréversible, il faut défendre les appellations d'origine protégée (AOP), union d'un savoir-faire et d'un territoire".
Même si, à Roquefort, producteurs de lait et industriels se sont affrontés pendant une semaine en novembre dernier, l'interprofession compte aussi donner en exemple à Bruxelles sa "régulation de la production et des prix".
"L'exemple de Roquefort, première appellation d'origine française en 1925 avec le Champagne, peut avoir un impact, la venue du commissaire est une formidable opportunité de rappeler que l'AOP est le seul label de qualité", a déclaré de son côté, Laurent Reversat responsable du syndicat des producteurs de lait de brebis (SPLB, Confédération paysanne).
"Dacian Ciolos a travaillé sur l'agro-écologie il a une sensibilité différente de la précédente commissaire, Mariann Fischer-Boehl, qui ne jurait que par la conquête des marchés", selon José Bové.
Plusieurs autres fromages AOP devraient participer à la rencontre du 18 juin, notamment le Comté, le Rocamadour, le Saint-Nectaire, a indiqué Robert Glandières, prochain président de l'interprofession et président de la FRSEB (fédération régionale des syndicats d'éleveurs de brebis), qui réussit l'exploit de réunir depuis 25 ans les frères ennemis, la FNSEA et la Confédération paysanne.
Le Parlement européen a voté un rapport soutenant les AOP, mais "le combat concerne aussi le reste du monde", selon l'ancien leader altermondialiste. "De nombreux producteurs d'Amérique latine nous ont approchés parce qu'ils souhaitent que les appellations entrent dans le cadre des discussions de l'OMC", ajoute M. Reversat.
Le système en vigueur à Roquefort prévoit des rémunérations différentes en fonction de l'utilisation du lait: pour la fabrication de roquefort, de fromage à salade (identique à la feta) ou de lait en poudre pour l'exportation.
"En interprofession, nous définissons en commun les quantums respectifs", explique Laurent Reversat.
"Quand on voit que la part de la plus-value agricole revenant aux producteurs est tombée de 31% à 20% dans les 15 dernières années, cet exemple de maîtrise peut être un outil fort dans le débat européen avec l'agrobusiness et la grande distribution", souligne José Bové.
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