Vous êtes ici:

Le marché des engrais minéraux est marqué par le déplacement de la demande mondiale vers la Chine et l'Inde

Par Florence | Publié le 29 Juin 2010 à 05:30
Le marché des engrais minéraux est marqué par le déplacement de la demande mondiale vers la Chine et l'Inde
L’exceptionnelle augmentation des prix des engrais minéraux au cours des dernières années en particulier en 2007/2008 a mis en évidence la forte exposition économique des agriculteurs aux prix de ces intrants surtout en période de prix agricoles bas. Ce secteur connait un déplacement de la demande vers les pays émergents et de l’offre vers les pays disposant des matières premières nécessaires (gaz naturel, phosphate naturel et sel de potassium). Le poids de la France sur les marchés mondiaux, en tant qu’acheteur comme en tant que producteur, diminue de manière tendancielle tandis que les exigences environnementales et la réduction des risques industriels se font de plus en plus fortes…
Lancer la discussion sur le forum

Le 28 juin 2010, le Centre d'études prospectives et l'UNIFA présentaient dans les locaux d'AgroParisTech les résultats d'une étude sur le marché des engrais minéraux. Hausse des prix, déplacement de la demande et de l'offre, mise en place de politiques environnementales restrictives... Où en sommes-nous et où allons-nous ?

 

 

Panorama du marché des engrais et des matières premières

La localisation des nouveaux gisements, leur qualité variable (USA) et de nouvelles exigences environnementales ont considérablement augmenté le coût de revient des engrais. L’auteur de l’étude souligne que les réglementations environnementales qui se mettent en place dans les pays développés (les quotas de CO2 principalement) rendent très difficile la réalisation de nouveaux investissements sur les sites de production. La Russie, l’Iran et le Qatar se partagent plus de 53% des ressources prouvées de gaz naturel, la Chine et le Maroc détiennent 69% des ressources mondiales en phosphate naturel et la moitié des réserves de sel de potassium sont au Canada.

L’instabilité de certains de ces pays producteurs de matières premières et des facteurs d’ordre géopolitique (Russie) vient accroitre les incertitudes ou tensions en matière d’approvisionnement et de volatilité des prix.

 

En France, la part des engrais non importés représente 44% du marché français selon l’UNIFA mais ces industries doivent importer la quasi-totalité des matières premières.
En 2009, la France est le 7eme consommateur d’engrais minéraux dans le monde avec environ 3.5 millions de tonnes d’éléments fertilisants consommés chaque année, (soit 20% du marché européen et 2% du marché mondial). En 1980, elle était le 4ème pays consommateur et représentait 5% du marché mondial avec un volume alors supérieur à 2006. Bien sûr, l’agriculture française ne dépend pas uniquement de la fertilisation minérale qui ne représente que  45%
 de la fertilisation totale contre 55% pour les fertilisants organiques. 
Dans notre beau pays, nous avons pu constater une baisse de la consommation de 60% des volumes de P/K depuis 1990 pour une augmentation du volume de production végétale de +11%.

 

Malgré le contexte actuel défavorable et en comparaison avec d’autres pays européens, la présence encore importante d’acteurs industriels sur le sol français peut être considérée comme un atout pour l’agriculture et l’industrie des engrais française peut assurer un service de proximité ainsi qu’un rôle de modérateur des prix. En outre, une disparition progressive du parc industriel français pourrait induire une plus grande exposition aux fluctuations des prix mondiaux.

 

 

Acteurs et évolutions

Le marché des engrais est marqué par une augmentation de la consommation globale. Aujourd’hui, la Chine et l’Inde sont les principaux consommateurs mondiaux d’engrais minéraux (respectivement 30% et 13%). Toutefois, ils ne sont pas de gros importateurs/exportateurs et orientent principalement leur production vers une satisfaction de la consommation interne.

En France, les principaux acteurs du marché sont YARA, GPN et le groupe Roullier et de nouveaux acteurs apparaissent, extérieurs au monde agricole, sur la production des nouvelles sources d’organiques composés et leur influence devrait se renforcer compte tenu de la délocalisation des industries dans les pays producteurs des matières premières de base, confortant l’influence grandissante du rôle traders-négociants en tant qu’intermédiaires.

Demain, ce sont les pays fortement exportateurs qui domineront le marché, à savoir l’Afrique du nord (Maroc), le Moyen-Orient, Trinidad et Tobago pour l’azote et le phosphate, le Canada, la Russie et la Biélorussie pour le potassium.

Sans innovation et volonté de développement, l’étude conduit à penser que les industriels français qui ne maitrisent pas la matière première se verraient évoluer à moyen terme vers des activités purement logistiques à moins de grands renforts d’interventions publiques, présentes aujourd’hui dans le monde sous deux formes : le soutien de la demande par des subventions aux agriculteurs et le renforcement de l’offre par le soutien aux industriels nationales de production d’engrais.

 

Enjeux environnementaux, incertitudes et évolutions technologiques

L’impact environnemental de la fertilisation étant significatif, les interventions publiques tournent autour de trois enjeux principaux : la pollution des nappes et eaux de surface, la pollution de l’air et les GES (principalement d’N lors de l’épandage).

Actuellement, la mise en place de politiques de lutte contre le changement climatique est le principal facteur qui, à moyen et court termes, pourrait imposer des contraintes significatives au marché des engrais minéraux.

En effet, à partir de 2013, les industriels de l’azote européens seront soumis aux quotas carbone ce qui pourrait induire hausses de prix et baisse de la compétitivité potentiellement compensée par la mise en place d’une contribution carbone aux frontières de l’Europe. 

En outre, des gains significatifs de productivité sont attendus avec l’amélioration croissante des processus industriels et, selon l’IFA, les investissements pour utiliser des technologies plus propres permettraient de réduire d’environ 25% les émissions de GES liées à la production.

De même, hausse des prix et renforcement des politiques devraient favoriser l’émergence des matières actives facilitant l’assimilation par les plantes, des engrais à effet retard ou des inhibiteurs d’uréase.

Concernant les prix, il semble que l’augmentation tendancielle doive se poursuivre à moyen terme.

 

Grâce à une bonne maîtrise technique, la présence d'industries des engrais,la France paraît plutôt bien armée

Le déplacement de la demande mondiale, la valorisation des pays et acteurs disposant des ressources naturelles et le renforcement des politiques environnementales pourraient aboutir à une disparition progressive de l’industrie des engrais française au profit de plates-formes logistiques, disparition qui entrainerait alors une exposition plus important aux fluctuations des prix mondiaux.

La France possède toutefois des atouts notables : une bonne maitrise des techniques culturales et une recherche agronomique de haut niveau, d’importante ressources organiques encore sous-exploitées, une industrie des engrais qui semble entretenir un rôle de modérateur des prix et est source d’innovations industrielles.

Dans le cadre du Grenelle et de l’objectif d’une agriculture à haute valeur environnementale, le MAAP a mis en place un plan de performance énergétique des exploitations (PPE) et le plan de réduction des produits phyto (Ecophyto 2018). Selon l’étude, ces dispositifs pourraient être complétés par une stratégie et des actions complémentaires ciblées sur la fertilisation : maintien de grands groupes industriels sur le territoire national / européen, renforcement de grandes coopératives d’approvisionnement faisant jouer la concurrence mondiale.

Les pistes d’action citées par l’étude pourraient ainsi être développées en 3 grands axes : une meilleure optimisation de la consommation d’engrais, le développement de fertilisants alternatifs et des actions en faveur de l’innovation industrielle dans le secteur des minéraux (industrie semblerait-il encore immobilisée dans l’Hexagone). De plus, pour favoriser l’émergence de solutions alternatives (ou plutôt, complémentaires…), l’étude invite à encourager le retraitement des sous-produits issus de la méthanisation et/ou l’utilisation des nouvelles sources d’engrais organiques issus des déchets urbains.




Images associée(s) à cette actualité :


Commentaire(s)


Les Guides conso

Tout savoir sur le contrôle obligatoire des pulvérisateurs

Le dispositif de contrôle périodique obligatoire des pulvérisateurs est effectif depuis le 1er  janv (...)

> > > Tous les guides conso

Le Baromètre des marques Mars

Logo de New Holland

Catégorie Tracteurs

Logo de New Holland

Catégorie Moissonneuses-batteuses

Logo de Quivogne

Catégorie Outil de travail du sol

Logo de Kuhn

Catégorie Semoirs Monograines

Logo de Manitou

Catégorie Chargeurs télescopiques

Logo de Le Boulch

Catégorie Remorques

Logo de Kuhn

Catégorie Pulvérisateurs

Logo de Goëmar

Catégorie Produits phytosanitaires

> > > Participez au baromètre des marques
> > > Voir les baromètres des mois précédents