Le ministre avait affolé les marchés dans la matinée en évoquant une possible limitation des exportations françaises pour maintenir un niveau de stocks adéquats dans le pays, avant de clarifier ses propos.
"Depuis le retrait de la Russie l'été dernier, la France est le seul fournisseur de blé avec les Etats-Unis. Limiter les exportations françaises aurait pour conséquence une nouvelle flambée des prix mondiaux", a expliqué Pierre Dupeyroux, analyste au cabinet de courtage Plantureux.
"Il n'y a pas de problème d'approvisionnement du marché du blé ni en France, ni en Europe", a assuré de son côté Philippe Pinta, président de l'Association des producteurs de blé (AGPB), pour qui une limitation des exportations "n'est en rien justifiée". "La France a un rôle déterminant et une responsabilité vis-à-vis de ses voisins du sud de la Méditerranée (...) qui ont besoin de trouver en elle un partenaire régulier et fiable", a-t-il fait valoir.
Après une première partie de campagne particulièrement fructueuse, la France et les Etats-Unis devraient rester bien placées sur le marché mondial, profitant des déboires climatiques de l'Australie, dont la production de blé de qualité a pâti de la sécheresse à l'ouest et de fortes pluies à l'est.
Selon FranceAgriMer, l'organisme chargé de la gestion des céréales, la France a déjà vendu fin décembre plus de 7 millions de tonnes (Mt) de blé vers les pays tiers et l'objectif final de 11,5 Mt sera atteint dès la fin avril.
Le stock de fin de campagne devrait se situer à 2,2 Mt.
"Il restera encore deux mois avant l'arrivée de la récolte prochaine. La période d'avril à juin risque d'être cruciale. Il faudra donc faire des arbitrages entre l'exportation et la demande intérieure", a toutefois prévenu l'organisme, en écho aux préoccupations du ministre.
Les fabricants d'alimentation animale et de la meunerie ont en effet retardé leurs achats dans l'espoir d'une baisse des prix.
En vain, car la tonne de blé meunier livrée sur le port de Rouen se négociait mardi à plus de 250 euros, contre 148 euros le 1er juillet avant le retrait du marché international de la Russie, soit un bond de plus de 100 euros en six mois.
Bruno Le Maire a estimé que le prix de la tonne serait peut-être bientôt "à 300 euros".
Un pronostic partagé par la société de conseil Agritel, qui voit les cours avoisiner 300 euros en seconde partie de campagne, un niveau comparable à celui atteint en 2008, année marquée par les émeutes de la faim auxquelles font écho les récentes révoltes en Algérie liées à la flambée des denrées alimentaires.
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