Développement des maladies émergentes: le Collectif "Sauvons les Fruits" craint des menaces sur les fruits et légumes

Les producteurs ont besoin d’outils variés pour prévenir et lutter contre ces maladies. La recherche variétale, les pratiques culturales, les produits phytosanitaires, parmi lesquels les fongicides, sont indispensables selon le Collectif "Sauvons les Fruits et Légumes".

Développement d’une nouvelle maladie du chou

Le cas du chou est révélateur. Au début des années 2000, une nouvelle maladie est apparue dans cette culture : le Phytophthora. On l’a vu émerger dans le chou de type Romanesco ou encore Milan (choux vert) dans des parcelles en Bretagne. Les symptômes sont variables : un flétrissement des feuilles avant la pommaison, des nécroses au niveau du collet, des taches brunâtres sur tête, etc. Un an plus tard, des

parcelles de choux Romanesco présentaient plus de 18 % de pertes ! Après isolement et recherche, l’agent pathogène Phytophthora est identifié en 2002 par des chercheurs hollandais. Dès lors, des essais sont conduits pour trouver une parade (lutte chimique, recherche de variétés résistantes ou tolérantes, prévention du risque). Très vite l'excès d’azote et les hivers doux et humides apparaissent comme

des facteurs favorisant l’apparition du Phytophthora. Les chercheurs découvrent également des résistances variétales intéressantes dans le chou. Des solutions phytosanitaires efficaces contre cette maladie auraient pu être utilisées  immédiatement. Mais actuellement, aucun moyen de lutte contre la Phytophthora du chou n’est autorisé ni mis à disposition des producteurs.

Au cours des années, la maladie a été mise sous surveillance : des différences importantes d’impact ont été observées selon les années. Actuellement, même si le risque n'est pas généralisé sur l’ensemble du bassin de production, cette

maladie peut avoir localement un impact économique majeur selon les conditions climatiques et les variétés cultivées. Cet exemple démontre que la protection des cultures ne doit pas être figée mais doit être adaptée à l'évolution du parasitisme. «

Des modifications même infimes de notre équilibre climatique peuvent entraîner l’émergence d’une nouvelle maladie […] il est très difficile de prévoir ce processus même avec une excellente connaissance des plantes » estime Bernard Géry, porteparole du Collectif Sauvons les Fruits et légumes de France. « Nous devons donc au maximum préparer les producteurs impliqués afin de retarder l’établissement des maladies (mesures de quarantaine, adaptation des pratiques culturales) et de limiter leur impact en agissant le plus vite possible (méthodes de diagnostic, systèmes d’information, stratégies d’éradication ou de mitigation) ».

Des maladies qui se développent

Une maladie émergente peut ainsi être comparée à un iceberg dont la partie immergée, non visible ou considérée comme inoffensive, masque un potentiel épidémique plus ou moins important et non connu à l’avance. Elle peut s’étendre sur

toute une zone géographique voire dans le monde entier, partout où la plante hôte est présente.

Né en novembre 2007, le Collectif sauvons les fruits et légumes de France constitue un mouvement de citoyens. Il vise à sortir les producteurs de l’impasse réglementaire dans laquelle ils se trouvent. Il rassemble des producteurs de la France entière, membres de toutes les filières et de toutes les sections professionnelles qui, confrontés aux mêmes problèmes, ont décidé de réunir leurs efforts pour sensibiliser l'opinion et les pouvoirs publics aux menaces qui pèsent sur la production

hexagonale et aux moyens d'y remédier ; il ne se substitue pas plus qu'il ne concurrence l'organisation traditionnelle de la profession ; il n'a pour but que de la compléter avec le souci, partagé par tous, de l'efficacité. Toutes les cultures de fruits

et légumes y sont représentées. Il obtient le soutien de scientifiques, de médecins, mais également de chefs cuisiniers, etc. Il est soutenu par des élus (maires, conseillers généraux et régionaux, députés et sénateurs).