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Marcel-Claude Braud, une passion : «les produits Manitou »

Par Jean Moullart | Publié le 09 Avril 2009 à 15:20
Marcel-Claude Braud, une passion : «les produits Manitou »
Marcel-Claude Braud est l'arrière petit-fils du fondateur des moissonneuses-batteuses Braud. Il est aussi le fils du créateur de la société Manitou. Bien que Président du directoire d'un groupe qui fait plus de 1,3 milliard d'euros de chiffres d'affaires en 2008, c'est un homme simple, courtois, bien plus passionné par ses télescopiques que par les strass et les paillettes.
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On pourrait croire que le président du directoire d'un groupe de renommée internationale comme Manitou ne se soucie plus que de chiffres, de résultats financiers, de développement. Certes, ca fait partie de ses préocupations. Mais pour avoir rencontré Marcel-Claude Braud au salon de l'Agritechnica à Hannovre en novembre 2007, on comprend vite que le président du directoire voue une vraie passion pour le produit et pour ses télescopiques. C'est d'ailleurs Marcel-Claude Braud en personne qui a présenté son dernier-né, le Manitrac, un nouveau concept de tracteur télescopique à la presse.

Marcel-Claude Braud, héritier d'une famille de constructeurs mécaniques reste fidèle, comme vous allez le découvrir, à l'esprit familial fait de travail, d'amour de la mécanique et d'une capacité certaine à percevoir les marchés. Une histoire de plus d'un siècle qui commence dans un petit village de Loire Atlantique.

 

 

 

Des moissonneuses Braud aux bétonnières Braud-Faucheux

En 1898, Alexandre Braud, l'arrière grand-père de Marcel-Claude Braud, vient s'installer à St Mars La Jaille, un gros bourg de Loire Atlantique, comme mécanicien et réparateur de machines agricoles. Il débute son activité en fabriquant des batteuses à manège à 4 ou 5 chevaux.

L'affaire prospère et ses deux fils Alexandre et Marcel secondent leur père dans l'entreprise familiale. En 1936, du fait du droit d'aînesse, Marcel quitte l'entreprise pour Ancenis, situé à une quinzaine de kilomètres. Il rejoint ses beaux-parents qui ont un commerce de grains et d'engrais. Il engage alors un chimiste et se lance dans l'alimentation des veaux et des porcs. Mais la seconde guerre mondiale arrive et il est mobilisé. A la fin de la guerre, il comprend que la reconstruction nécessitera des nombreux engins de chantier. Tout en continuant son activité de fabrication d'aliment du bétail, il se met à créer des gabarits de presse à parpaings, des bétonnières, des grues et remorques. Le 5 août 1944, jour de la libération d'Ancenis par les américains, Marcel Braud, membre d'un mouvement de résistance, meurt les armes à la main sous les balles des allemands. Sa femme décide de ne pas abandonner cette activité de construction. Tout en gérant son affaire de grains et d'engrais, elle va s'employer à fabriquer et à commercialiser les machines que son mari a imaginées. Elle crée alors la société Braud Mécanique générale. La petite entreprise se développe et en 1953, Madame Braud recrute Henri Faucheux au poste de directeur général. La société Braud- Faucheux est crée, détenue à 75% par la famille Braud et à 25% par Henri Faucheux. Très rapidement, il donne une nouvelle dynamique à l'entreprise en faisant évoluer les matériels existants et en créant de nouveaux.

En 1954, ses études finies, Marcel Braud fils rejoint l'entreprise familiale. Selon les recommandations du Pdg, il passe par tous les stades de la fabrication car « ce n'est que lorsque l'on peut prendre la place d'un ouvrier à tous les niveaux que l'on peut espérer diriger une usine ». En 1955, Marcel Braud fait acheter à la société un petit chariot 3 roues à essence de la marque «Matral» qu'il a remarqué lors d'une exposition. Ce chariot servira à approvisionner les machines-outils de l'usine et à emmener les bétonnières fabriquées à la gare d'Ancenis d'où elles sont expédiées. Sans le savoir, Marcel Braud vient de créer les fondements de l'entreprise Manitou à savoir la fabrication de chargeurs.

 

 

 

Du Matral au Maniscopic

Ce chariot Matral, qui était bien pour l'atelier trouve ses limites à l'extérieur car il pattine souvent à la gare quand il devait monter sur les wagons.

L'idée leur vient alors d'utiliser une base de tracteur McCormick, modèle « SuperCub » et d'y placer le mât à l'arrière. La famille Braud cherche un nom pour ce nouveau matériel. C'est au cours d'un brainstorming familial que le nom de « Manitou » est choisi.

Les clients sont vite séduits par cet engin et les ventes de chargeurs à mât se multiplient, avec le modèle MC5, MC6 puis le MC7 doté d'un contrepoids coulissant breveté et d'une benne de 800 litres. Puis vint le MB 1500 dotés de grandes roues motrices.

En 1969, l'entreprise Manitou fête déjà la production de son 10.000ième chariot élévateur, de sa 10.000 ième grue et de la 32.000 ième bétonnière. Cette même année, Manitou acquiert la transmission 4 roues motrices du tracteur Deutz et crée le premier chargeur Manitou 4x4, le 4RM20D aîné des 4RM25D, 4RM30, 4RM40... et des modèles articulés avec le 4RE40H.

Dans les années 70, Marcel Braud remplace Henri Faucheux à la direction générale. Celui-ci quitte l'entreprise et revend ses parts à la famille Braud. C'est également durant cette décennie que l'entreprise déménage et fait construire à son emplacement actuel. Manitou signe par ailleurs un accord avec Toyota pour la distribution des petits chariots élévateurs en France. Parallèlement, le constructeur cherche à acquérir une dimension internationale et commence à exporter ses chariots vers l'Allemagne, le Portugal.

Au début des années 80, le chargeur à bras télescopique fait son apparition sur les marchés anglais et irlandais. Marcel Braud charge un de ses ingénieurs de sortir une machine comparable. Après un an d'études et de conception, un chargeur Manitou télescopique 2 roues motrices d'une capacité de 2 tonnes et 6 m est présenté aux équipes commerciales. L'engouement est réel et les commerciaux réclament immédiatement un 2,5 tonnes de capacité. Ce chargeur, le Maniscopic MT425 sortira en 1981. Il est doté d'une transmission mécanique. Il recevra un convertisseur de couple de la marque « Ford » par la suite.

 

 

 

Des Maniscopic, un Manitrac

Les années 80 voient l'arrivée de Marcel-Claude Braud dans l'entreprise. Son parcours initiatique a été le même que celui de son père à savoir un passage par la chaine de montage où l'on se doit d'être le meilleur. S'en est suivie une responsabilité de management aux USA dans la société KD manufacturing. Cette firme située dans le Texas et qui fabrique des chariots élévateurs venait alors d'être reprise partiellement par Manitou. C'est le deuxième séjour de Marcel-Claude Braud aux USA. Le premier ayant eu lieu lors d'un stage dans l'usine International Harvester quelques années auparavant. De ces expériences, le futur dirigeant retiendra une méthode de production faite de rationalisation, de standard industriel. Méthode de production qu'il appliquera dès 1985 lors de son retour en France. Il devient alors responsable du développement produits à Ancenis. Très vite, Marcel-Claude Braud renforce également les positions de Manitou à l'étranger en créant de nouvelles filiales au Bénélux, en Allemagne mais aussi en Amérique Latine, en Asie...

En 1999, Manitou « révolutionne » son Maniscopic en plaçant le moteur en position latérale. Des Maniscopic qui se déclinent également pour les autres secteurs d'activité tels que le bâtiment (Maniscopic Twisco, BT...), ou pour la manutention de charges lourdes (Maniscopic MHT).

Marcel-Claude Braud c'est aussi l'homme qui a été à l'initiative des nacelles Manitou baptisées « Maniaccess». Lors d'un voyage aux USA, il se rend en effet compte qu'il y a environ dix nacelles de vendues pour un télescopique dans ce pays.

Fin 2007, Manitou innove et présente le Manitrac, concept de tracteur équipé d'un bras télescopique. Un produit qui sera commercialisé en 2009. Le patron, Marcel-Claude Braud en est fier. Et, tout aussi à l'aise que son responsable produits ou responsable marketing, pour expliquer les atouts de son dernier-né, capable de faire ce que fait un télescopique et de remplacer momentanément un tracteur pour des travaux légers aux champs.

La passion de la mécanique est décidément un virus qui se transmet de génération en génération dans la famille Braud. Le fils de Marcel-Claude Braud sait à quoi s'en tenir.

 

 

 

 

 

 




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