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Les JA prennent la plume dans leMonde.fr pour une agriculture

Par Jean Moullart | Publié le 22 Juin 2011 à 10:45
Les JA prennent la plume dans leMonde.fr pour une agriculture
Alors que les ministres de l'agriculture du G20 sont réunis à Paris ce mercredi 22 et ce jeudi 23 juin, les Jeunes Agriculteurs ont écrit une tribune libre parue sur le site internet du Monde.fr. Nous la publions intégralement ci-dessous. Elle a pour titre "L'Agriculture doit être davantage coordonnée".
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"En juin 2001, les jeunes agriculteurs, jugés alors utopistes et naïfs, défendent dans un rapport d'orientation qui fera date – "Paysans du monde, le prix de notre avenir" – le droit des peuples à se nourrir eux-mêmes et la création de marchés agricoles communs régionaux protégés.

 

En juin 2011, près d'un milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde avec, comble de l'ironie, une population agricole toujours en première ligne, dépossédée de son savoir-faire, éloignée de sa raison d'être. Dix ans après notre réflexion sur l'urgence d'organiser l'alimentation mondiale et réduire la volatilité des prix, le gâchis est immense.

 

Mais à qui profite le crime ? On peut s'interroger, alors que quatre entreprises contrôlent 90 % des échanges agricoles mondiaux sans qu'on connaisse précisément ce qu'ils achètent, vendent ou stockent. Partout dans le monde se répète le même scénario du pire, où rien n'est anticipé, protégé, transmis. Si nous sommes jeunes agriculteurs aujourd'hui en France, et que nous pouvons envisager un avenir meilleur, c'est qu'il y a eu dans l'histoire de nos territoires des femmes et des hommes qui ont décidé que l'alimentation et ceux qui la produisent ne devaient pas être laissés aux seules mains de l'offre et de la demande. Alors certes pour nous paysans, la réunion des ministres de l'agriculture des vingt pays les plus riches du monde (G20 agricole) des 22 et 23 juin à Paris est encore marquée d'un gros point d'interrogation. Toutefois des orientations politiques plus affirmées en matière d'agriculture et d'alimentation mondiale sont susceptibles d'y être prises, avec une vraie impulsion. Restons lucides cependant : nourrir les populations du monde mérite mieux que le plus petit dénominateur commun des différents Etats. Encadrer la spéculation ou assurer plus de transparence sur les stocks alimentaires, c'est bien, mais il faut aller plus loin ! Pour faire face aux aléas climatiques et économiques qui sont devant nous, pour satisfaire tous les besoins alimentaires, pour que les agriculteurs vivent de leur métier, il faut produire des produits les plus diversifiés possibles dans le plus de pays possible et valoriser l'agriculture familiale. Et le marché mondial, ce "machin" qu'on a toujours tort d'évoquer au singulier, ne peut pas seul permettre l'accomplissement de ces objectifs. Pour cela, il faut des politiques agricoles nationales ou régionales, partout dans le monde. Et il faut un lieu permanent de gouvernance agricole et alimentaire pour donner des priorités, arbitrer, coordonner, bref, gérer. Un lieu où chaque Etat a le même pouvoir et où les agriculteurs et la société civile ont leur mot à dire. Pourquoi ne pas renforcer le rôle politique du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA, CFS en anglais) et lui donner plus de moyens pour définir et conduire des orientations ? Davantage de coordination ne veut pas dire un ordonnancement de la production et des échanges au cordeau, mais juste la reconnaissance que l'alimentation est une question économique, politique et sociale globale. C'est en somme une question de solidarité".

 

Carole Dore, Jean-Michel Schaeffer, Nicolas Fischer et Mickaël Poillion, jeunes agriculteurs




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