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Désherbage des colzas 2011; avis du Cetiom

Par Jean Moullart | Publié le 30 Août 2011 à 10:47
Désherbage des colzas 2011; avis du Cetiom
Pas facile de se passer de trifluraline. Depuis deux ans, les programmes uniques de prélevée ont confirmé leur fragilité sur le terrain. La variabilité de leurs effets s’explique par le mode d’action, par absorption racinaire. Le premier facteur d’efficacité est lié à la pluviométrie, qui doit atteindre 20 mm minimum dans les trois semaines suivant l’application.
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Lorsque les applications se font sur des sols argileux très secs, le complexe argilo-humique peut adsorber la substance active lors du retour de l’humidité, ce qui limite sa disponibilité. La présence de résidus végétaux, de mottes de terres ou un rappuyage ont également une influence négative sur l’efficacité du traitement.

 

 

 

Vulpins et ray-grass progressent

Premier effet des programmes uniques de prélevée: le contrôle des graminées devient de plus en plus défaillant, et les populations de vulpins ou de ray-grass progressent. L’efficacité sur géraniums tend également à devenir plus irrégulière. Le retrait de la trifluraline s’est aussi fait sentir sur le taux de repousses de céréales qui a augmenté, surtout avec les étés secs comme celui de 2009. Les enquêtes CETIOM 2010 confirment la tendance de ces dernières années: les adventices les plus problématiques dans les grands bassins de production de colza sont les géraniums (disséqués, à tige grêle, à feuille ronde) qui progressent partout, le gaillet, les graminées (ray-grass, vulpin, repousses de céréales), les matricaires, les crucifères (sanve ou moutarde des champs, ravenelle). De nouvelles adventices sont aujourd'hui signalées par les agriculteurs comme étant difficiles à détruire: des graminées comme la folle-avoine, les bromes, ainsi que des composées comme les chardons Marie.

 

 

L’application unique en post semis- prélevée majoritaire

Cette stratégie est bien adaptée aux flores simples ainsi qu’aux situations de pression modérée en flore difficile. Mais elle présente un manque de régularité et une insuffisance sur certaines flores, les géraniums en particulier.

De nombreux producteurs se sont détournés de l’application de présemis après le retrait de la trifluraline. Face à des situations complexes, ils ont augmenté les doses de métazachlore (substance active au spectre d’action le plus large). Les associations de type Springbok + Novall, Axter + Novall, Colzor Trio + Butisan S ont progressé. Aujourd’hui, il est fréquent de rencontrer des programmes à 1 400 g/ha de substance active de la famille des chloroacétamides (métazachlore, dimétachlore, diméthénamide- P). Le coût du poste désherbage s’en trouve lui aussi modifié : la barre des 90 €/ha est parfois franchie, ce qui ne diminue pas pour autant les rattrapages, sur graminées notamment.

 

 

 

Un supplément d’efficacité avec la napropamide

Face à ces difficultés, l’utilisation de napropamide en présemis incorporé, associée à un désherbage en postsemis-prélevée paraît intéressante.

Elle permet de retrouver l’efficacité et, surtout, la régularité offertes auparavant par la trifluraline. Incontournable dans la lutte contre les géraniums, la napropamide incorporée apporte aussi un supplément d’efficacité et de régularité sur des flores telles que coquelicot, gaillet, mercuriale, véronique à feuille de lierre, voire, dans une moindre mesure, sur barbarée, passerage ombellifère et vulpin. En programme, son effet sur les repousses de céréales et le ray-grass demeure très minime.

À ce jour, ce type de stratégie concerne un peu plus de 25 % des surfaces, essentiellement en raison de son efficacité contre les géraniums.

La napropamide n’a donc que partiellement remplacé la trifluraline. Les producteurs se sont ainsi détournés des applications de pré-semis au détriment d’un renforcement de la dose (par association de produits) des applications de post-semis - prélevée.

 

 

 

Baptême du feu pour le Springbok

Conformément aux préconisations, les applications de post-levée précoce (Novall) sont en progression. Elles ont pour objectif de régulariser l’action des produits. Le Springbok (métazachlore 200 g/l + dmta-P 200 g/l) présente un atout sur géranium et ray-grass. Même s’il est uniquement constitué de substances actives de la famille des chloroacétamides, il offre une efficacité notable sur coquelicot. Son gros défaut : une nette insuffisance sur gaillet, adventice fréquente dans nos rotations.

De fait, les associations avec Novall ou Axter sont plutôt conseillées. Attention toutefois à la dose de Springbok en situation de forte infestation de géraniums : les essais menés par le CETIOM montrent qu’en association, la dose de 2 l/ha est moins régulière que la dose de 2,5 l/ha. L’efficacité de ces programmes sur géraniums reste toutefois inférieure à celle du programme Colzamid (napropamide) 1,5 l/ha suivi d’une prélevée. Le Springbok ne remplace pas le Colzamid.

 

 

 

Hausse du rattrapage avec un antigraminée racinaire

Le recours au rattrapage avec un antigraminée racinaire de postlevée, type Kerb Flo, progresse significativement (environ + 30 % par an). Le retrait de la trifluraline n’est pas la seule explication. Comptent aussi le développement de résistances en céréales et un raisonnement à l’échelle de la rotation. Malheureusement cette stratégie ne permet pas l'impossible, notamment les rattrapages tardifs (fin novembre) en situation de très forte densité (100 à 400 graminées/m²). Dans ces situations de graminées développées, la masse racinaire est telle que le produit a du mal à atteindre toutes les racines. L’efficacité finale met de surcroît beaucoup de temps à arriver (fin mars – début avril). Il est important de viser des applications de tout début novembre.

 

 

 

 

De nouvelles solutions attendues à partir de 2012

Le développement du désherbage en post-levée constituera une réelle avancée technique. Les essais montrent que le positionnement optimal est le stade 2-3 feuilles du colza.

- BASF Agro a mis au point sur colza la technologie Clearfield, qui repose sur des hybrides tolérants à l’imazamox (mutagénèse et sélection classique). Deux produits à spectre dicotylédones et graminées sont concernés, le BAS 797H (mérazachlore + imazamox) et le BAS 798H (métazachlore + quinmérac + imazamox).

Leurs points forts sont : géraniums, crucifères et repousses de céréales.

- DuPont Solutions va commercialiser le DPX-A788, une sulfonylurée antidicotylédones sélective du colza. Ce produit est composé d’éthametsulfuron-méthyl à 75 % (WG). Ses points forts : géraniums, sanve, calépine, ombellifères.

Les efficacités de ces solutions sont sans commune mesure avec l’existant sur géraniums et crucifères.

D’autres nouveautés sont attendues :

- Dow Agroscience devrait aboutir à l’AMM (autorisation de mise en marché) de la benfluraline (GF2436) formulée en WG pour une utilisation à 2 kg/ha en présemis. On attend une efficacité accrue sur graminée, et coquelicot notamment et une meilleure régularité des programmes.

- De Sangosse annonce l’arrivée de la péthoxamide à 2 l/ha (Successor 600, Juan) en prélevée. Produit d’association qui dans les essais du CETIOM se montre légèrement supérieur au métazachlore sur géraniums, vulpin, barbarée, équivalent sur gaillet et véronique et plutôt inférieur sur coquelicot, ray-grass, bleuet et helminthie.

- BASF compte de son côté sur l’AMM du produit BAS773 H à 2,5 l/ha (métazachlore 200 g/l + dmta-P 200 g/l + quinmérac 100 g/l). Ce produit concilie les avantages du Springbok et du Novall (correction du Springbok sur gaillet et ombellifères). Il peut être inférieur à Springbok dans certaines fortes pressions géraniums.




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