Hier, 11 septembre 2012, lors d’une séance plénière du Parlement européen, certains députés européens ont demandé à la Commission européenne d’expliquer sa gestion de la campagne de commercialisation du sucre 2011/12. Les raffineurs européens de sucre brut de canne prétendent que la gestion de la Commission a favorisé le secteur betteravier européen au détriment de l’industrie du raffinage. Ils demandent qu’à l’avenir l’UE importe davantage de sucre brut de canne en provenance du marché mondial et des partenaires non préférentiels. La CIBE (Confédération Internationale des producteurs de betteraves) répond point par point à des accusations qu’elle juge non-fondées.
D’après la CIBE, les raffineurs de sucre européens sous la pression de l’American Sugar Refining Inc. (propriétaire de la raffinerie Tate & Lyle à Londres ainsi que des marques Tate & Lyle) ont effectué une campagne très active de lobbying et de communication auprès des institutions européennes et de la presse.
Cette campagne de lobbying défend selon les planteurs européens de betteraves les seuls intérêts des raffineurs de sucre et qui est fondée sur des conceptions erronées est un sujet préoccupant pour les Betteraviers Européens.
La CIBE contre-attaque en démontant point par point les accusations des raffineurs européens.
Le CIBE annonce que contrairement aux idées des raffineurs de sucre, les importations vers l’UE sont suffisantes. En effet, les importations de sucre dans l’UE ont augmenté pour atteindre des niveaux record. Les importations préférentielles ont été complétées par des importations non-préférentielles en 2011/12. Les prévisions de l’UE de 3,5 Mt d’importations de sucre se sont concrétisées et comprennent aussi bien du sucre brut que du sucre blanc. De plus, le marché de l’UE est équilibré.
Le CIBE affirme que contrairement aux idées des raffineurs de sucre, l’UE ne devrait pas importer davantage de sucre de canne en provenance des partenaires non-préférentiels; ceci serait au détriment des pays en développement. Depuis 2009, le marché du sucre de l’UE est totalement ouvert (franchise de droits-franchise de quotas) à tous les pays en développement (PMA et ACP). En conséquence, toute importation additionnelle de sucre brut de canne en provenance d’autres pays tiers (principalement du Brésil) entrainerait l’érosion des préférences accordées à ces partenaires en développement traditionnels et conduirait à un gel des investissements dans ces pays qui ont déjà souffert des conséquences sévères de la réforme sucre de 2006.
Le CIBE affirme que contrairement aux idées des raffineurs de sucre, l’industrie du raffinage de l’UE ne subit pas un traitement injuste. Le manque d’adaptation et de restructuration des raffineurs suite à la réforme sucre de 2006 (malgré les aides transitoires de 150 millions d’Euros reçus) et leur surcapacité actuelle ne doit pas être résolu par un changement de la politique commerciale européenne (suspension des tarifs) sur le dos du secteur betterave-sucre de l’UE qui a fait son travail en mettant en place une restructuration approfondie (entre 2006/07 et 2009/10 83 usines de betteraves sur un total de 189 dans l’Union à 27 ont été fermées, plus de 22 000 emplois directs ont été perdus et environ 140 000 agriculteurs ont abandonné la culture betteravière) tout en optimisant et en rationalisant ses activités.
Enfin, la demande des raffineurs ne tient pas compte des principes et objectifs de la PAC. Elle est en totale contradiction avec la reforme sucre de 2006, car elle remet en question les efforts de compétitivité entrepris par le secteur betteravier européen (et conduirait à de nouvelles fermetures d’usines) et mettrait en péril sa durabilité à moyen terme.
Les raffineurs prétendent ne vouloir que des conditions “équitables” de concurrence : les faits énumérés ci-avant montre que “équitable” se traduit par du sucre “bon marché” pour sauvegarder les opérations et les marges des sociétés sur le dos des agriculteurs, aussi bien les planteurs de betteraves dans l’UE que les planteurs de canne dans les pays en développement.
Les planteurs de betteraves de l’UE appellent les députés européens, qui entrent dans des discussions intensives lors d’un atelier fixé au 17 septembre au sein du Parlement européen, à adopter au cours de prochains mois des mesures crédibles en ce qui concerne l’OCM Unique et le Régime Sucre post-2015, tout en respectant les objectifs de la PAC, les résolutions précédentes votées au Parlement européen et conformes au projet de rapport du député européen Michel Dantin visant à prolonger jusqu’en 2020 les dispositions sucre sans miner la durabilité du secteur betterave-sucre européen.
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