Le nématode Heterodera avenae est un parasite particulièrement nuisible sur blé dur. Aucun moyen de lutte chimique n’est disponible sur le marché. ARVALIS-Institut du Végétal recommande de recourire à des plantes de coupure au moins deux années de suite pour réduire les populations de ce nématode.
Les hôtes d’Heterodera avenae sont principalement les graminées incluant les céréales d’importance économique : avoine, blé tendre, blé dur, orge, seigle et des graminées sauvages ou fourragères telles que fétuque et ray-grass. Le maïs et le sorgho sont des hôtes peu favorables au développement de ce nématode même si des dégâts sévères ont été observés sur le maïs dans le nord de la France.
Une forme de conservation très résistante pour le nématode Heterodera avenae
Après leur mort, la paroi des nématodes femelles se durcit pour former un kyste très résistant qui va se détacher de la racine. Ce kyste protège alors plusieurs centaines de larves juvéniles de l’extérieur qui attendent des conditions favorables pour sortir. Elles envahissent les plantes hôtes au niveau de l’apex des racines pour s’y nourrir. Certaines larves donneront des mâles tandis que d’autres deviendront des femelles. Elles se caractérisent par leur couleur blanche et leur forme en « tête d’épingle » d’environ 0,5mm de diamètre.
Un écotype méridional, un écotype septentrional pour le nématode Heterodera avenae
En France, deux écotypes se distinguent, l’un au sud et l’autre au nord du pays. L’écotype méridional éclot essentiellement en période hivernale. Le relèvement des températures au printemps provoque un arrêt systématique de la sortie des larves. A l’inverse, l’écotype septentrional éclot au printemps et la sortie des larves ne cesse qu’à partir du mois de juin.
En zone méridionale, les larves sortent progressivement. Ainsi, seulement 30% des larves environ sortent chaque année, ce qui assure un échelonnement des éclosions pendant plusieurs années. En revanche, en zone septentrionale, les sorties de larves sont massives au cours des deux premiers cycles annuels, ce qui représente environ 90% du contenu des kystes.
Le nématode Heterodera avenae entraîne des attaques au niveau du système racinaire des céréales à paille
Les premiers symptômes sont visibles à partir du tallage des céréales. Les plantes sont chétives et l’extrémité des feuilles rougit dans certains cas. Le système racinaire est peu développé, avec prolifération de radicelles épaisses et courtes à partir de « noeuds » qui correspondent aux sites de pénétration des larves infectieuses. Certaines plantes disparaissent en cas de fortes attaques. A épiaison, des petites boules blanches peuvent être observées au niveau des racines.
La responsabilité des nématodes dans les pertes de rendement est difficile à évaluer car leurs symptômes sont peu spécifiques. L’affaiblissement des plantes peut avoir de multiples causes. Seule une observation des femelles sur les racines à partir du stade épiaison ou une analyse nématologique permet de savoir avec exactitude si les attaques sont dues à H. avenae.
L’intensité des attaques est très hétérogène d’une année sur l’autre suivant les conditions climatiques. Une année sèche en fin de cycle est beaucoup plus pénalisante parce que le système racinaire de la plante attaquée est peu développé.
ARVALIS recommande de recourir à des plantes de coupure pour réduire les populations du nématodele Heterodera avenae
Pour des raisons de sauvegarde environnementale et de coût, il n’existe plus de possibilités de protection par des traitements nématicides, Temik Aldicarbe ayant été interdit d’emploi en 2004. La seule voie possible consiste consiste à gérer les populations d’H. avenae par des rotations avec des plantes non hôtes ou par la culture de variétés résistantes. Du fait des disparités régionales et des particularités biologiques des populations, cette lutte nécessite des séquences de cultures non hôtes ou résistantes plus longues en zone méridionale qu’en zone septentrionale.
S’il existe des variétés de blé tendre (ex : Apache) ou blé dur (ex : Babylone) tolérantes à H. avenae, aucune n’est, à ce jour, en mesure de limiter la multiplication du nématode. Parmi, les céréales à paille, seule Almarillo, une variété de triticale, permet de réduire les populations d'H. avenae.
Dans le sud de la France, les cultures de maïs (sauf ceux semés en mars) et sorgho échappent aux attaques car elles sont implantées au printemps, après le maximum de sorties larvaires. Elles constituent donc d’excellentes plantes de coupure. En France septentrionale, les céréales semées au printemps seront plus sensibles que celles semées à l’automne. Cependant, en cas de fortes infestations, il est préférable d’implanter des cultures autres que les graminées, telles que le colza, la pomme de terre ou la betterave.
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