Contrairement au printemps sec de 2011, les conditions climatiques humides à partir d’avril 2012 ont été plus favorables aux rendements des céréales à paille et des autres cultures. Par rapport à 2011, les résultats sont meilleurs cette année, mais aussi hétérogènes, en tenant compte des régions gélives. État des lieux par espèce…
Blé tendre : un rendement national en progression et une qualité satisfaisante
Au 9 août, selon la dernière enquête, la production 2012 dépasserait les 36,5 Mt (contre 34 Mt en 2011). Le rendement moyen national est estimé à 75 q/ha, soit un niveau largement supérieur à la moyenne quinquennale (71 q/ha).
Dans la plupart des régions, les rendements sont en progression par rapport à la moyenne quinquennale.
Ils s’expliquent notamment par les conditions fraîches et humides au printemps qui ont permis de très bonnes conditions de montaison sur une grande partie du pays. Dans ce contexte, les parcelles en sols superficiels donnent généralement de très bons rendements, alors que les terres profondes ont des résultats plus limités par rapport à leur potentiel, réduisant ainsi les écarts entre types de sols. Une variation est néanmoins observée selon les parcelles, en raison notamment des dégâts de l’épisode de gel hivernal et de la pression des maladies.
Dans le quart sud-ouest, les rendements sont particulièrement bons, en hausse de plus de 20 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Les moyennes se situent de 60 à plus de 65 q/ha en Midi-Pyrénées et en Aquitaine et autour de 75 q/ha en Poitou-Charentes. L’Auvergne et la région Rhône-Alpes obtiennent aussi de très bons résultats, aux environs de 65 q/ha. Le sud de la région Centre, la Bourgogne et l’Alsace affichent des rendements moyens entre 70 et 73 q/ha. Les rendements progressent par rapport à la moyenne quinquennale dans les Pays de la Loire (75 q/ha), dans le nord de la région Centre et en Basse-Normandie (autour de 80 q/ha). Ils se situent dans la moyenne en Picardie (aux environs de 85 q/ha).
Les rendements sont très hétérogènes dans le Nord-Est (Champagne-Lorraine) en raison de l’épisode de gel qui a fortement affecté le peuplement épi, la fin de cycle ne permettant qu’un rattrapage partiel. Ils se situent tout de même dans la moyenne en Champagne (78 q/ha), mais la Lorraine voit ses rendements baisser à moins de 65 q/ha en moyenne.
En termes de qualité, les teneurs en protéines moyennes sont généralement comprises entre 11 et 11,5 % et atteignent parfois 12 %. Des teneurs plus basses peuvent être observées selon les parcelles. Les poids spécifiques moyens étaient jugés au 9 août « corrects », souvent situés au-delà de 76-77 kg/hl en moyenne, mais peuvent avoir été affectés par les pluies. Les conditions fraîches et humides de cet été dans certaines régions du nord de la France peuvent faire craindre des baisses d’indice de chute de Hagberg sur les variétés les plus sensibles. Enfin, la qualité sanitaire semble globalement d’un niveau satisfaisant.
Blé dur : un rendement national historique avec des qualités parfois affectées par les pluies de fin de cycle
La récolte de blé dur est pratiquement terminée dans toutes les régions. Avec un rendement moyen de 53 q/ha, la production est estimée à environ 2,3 Mt (contre un peu plus de 2 Mt en 2011).
Les rendements moyens sont très bons dans le Sud-Ouest et l’Ouest. Ils atteignent des niveaux exceptionnels dans le Sud-Ouest, avec des moyennes situées entre 55 et 65 q/ha, et approchent 70 q/ha dans l’Ouest. Ils sont plus modérés dans le Centre, aux environs de 60 q/ha (valeurs plus élevées dans le nord de la région et plus faibles dans le sud). Les rendements sont très variables dans le Sud-Est et inférieurs à 40 q/ha en moyenne. Ces hétérogénéités sont observées dans les différentes régions, avec de faibles potentiels obtenus dans des parcelles touchées par le froid hivernal et les viroses. Les niveaux varient ainsi de moins de 10 q/ha à plus de 90 q/ha dans le Sud-Est, de 40 à 80 q/ha dans le Sud-Ouest, de 55 à 100 q/ha dans le Centre-Ouest et 35 à 85 q/ha dans le Centre.
En raison des bons niveaux de rendements et d’une fertilisation azotée parfois limitée, les teneurs en protéines se situent autour de 13-13,5 % en moyenne dans la majorité des régions. Elles sont un peu plus élevées dans le Sud-Est, avec une moyenne de 14,5 % dans plusieurs départements. Des variations sont ici aussi observées selon les parcelles. Compte tenu des conditions de l’année (verse et pluies survenues en fin de maturité des grains), le mitadinage est présent dans les différents bassins de production, à des niveaux variables selon les situations. En revanche, le taux de grains mouchetés est généralement très satisfaisant. Les poids spécifiques sont aussi d’un bon niveau dans le Sud et dans l’Ouest, supérieurs à 79-80 kg/hl en moyenne, même si des valeurs plus faibles sont observées sur des parcelles récoltées après les pluies. Les conditions météorologiques pluvieuses ont plus particulièrement pénalisé la région Centre, qui présente un niveau de qualité variable selon la date de récolte.
Orges : une production en très nette hausse
Toutes orges confondues, la production est évaluée à 11,5 Mt, soit une progression de 30 % par rapport à 2011.
Orges d’hiver : de très bons rendements et une qualité brassicole assez homogène
Les très bons rendements se confirment dans pratiquement toutes les régions productrices. Le rendement moyen national pourrait dépasser le niveau record de 2004 de 70 q/ha, ce qui permettrait de compenser la baisse des surfaces consécutive au gel de février. Au 9 août, la production d’orges d’hiver ressort à 6,9 Mt (contre 6,3 Mt en 2011).
Les records historiques semblent battus dans les régions du Sud-Ouest (plus de 60 q/ha), de l’Ouest (généralement plus de 70 q/ha) et du Centre (autour de 75 q/ha). Plus au nord, les rendements moyens sont au niveau de la moyenne quinquennale, compris généralement entre 80 et 85 q/ha. Ces bons résultats peuvent s’expliquer par la mise en place d’un nombre de grains/m² élevé issu de peuplements épis/m² non limitants. Seul le Nord-Est, Lorraine en tête mais aussi l’est de la Champagne et le nord de la Bourgogne / Franche Comté, touché par le gel hivernal qui a provoqué des dégâts irréversibles sur le peuplement épis, présente des rendements plus limités, autour de 60 q/ha en moyenne. Les zones non touchées par le gel obtiennent des rendements très élevés, pouvant atteindre 95-100 q/ha.
La qualité brassicole est assez homogène sur l’ensemble du territoire. Les teneurs en protéines, conformes aux bons rendements, sont généralement comprises entre 9 et 11 % et les moyennes se situent autour de 10-10,5 %. Les calibrages moyens varient de 75 à 85 %. Enfin, les poids spécifiques sont corrects, avec des moyennes souvent autour de 64 à 66 kg/hl. Des valeurs plus faibles sont néanmoins observées sur des parcelles récoltées après les pluies.
Orges de printemps : des rendements d’un très bon niveau et une qualité au rendez-vous
La récolte d’orge de printemps se termine en zone intermédiaire, elle est en cours dans le Nord-Est et débute dans le nord de la France. La sole des orges de printemps augmenterait de plus de 40 % par rapport à 2011. Cet accroissement concernerait près de la moitié des régions françaises mais les plus fortes progressions sont constatées dans l’Est de la France (Lorraine, Champagne-Ardenne et Bourgogne). Cette hausse est la conséquence des différents épisodes de gel constatés en février. Les surfaces de cultures d’hiver détruites par les vagues de froid successives ont été ressemées au printemps (cette opération ayant principalement bénéficié aux orges de printemps). La production est ainsi attendue à plus de 4,5 Mt (contre 2,5 Mt lors de la récolte précédente).
Les rendements s’annoncent bons à très bons dans les différentes régions grâce à la forte pluviosité enregistrée en fin de printemps. Les moyennes se situent entre 63 et 70 q/ha en Poitou-Charentes, sud de la région Centre, Bourgogne, et Lorraine. Elles tournent autour de 70 q/ha au nord de la région Centre et en Champagne.
Les teneurs en protéines sont comprises entre 9,5 et 10 % en moyenne. Les calibrages sont d’un très bon niveau, supérieurs à 90 % dans le Centre-Est et le Nord-Est, sous l’effet de conditions de remplissage des grains favorables.
Colza : de bons rendements
Avec un rendement moyen très satisfaisant, à environ 34 q/ha, compte tenu des dégâts exceptionnels de gel observés dans le Nord-Est, la production reste stable à plus de 5,3 Mt.
Dans la majorité des régions, les rendements sont d’un bon niveau. Malgré les accidents climatiques de début d’année et la pression toujours forte des ravageurs, le climat humide de fin de cycle a permis cet excellent rattrapage. Les rendements sont particulièrement bons dans le Sud avec des moyennes supérieures à 30 q/ha, dans le Centre-Ouest, en Rhône-Alpes et Franche Comté. Le nord de la Bourgogne, l’est et le sud de la Champagne ainsi que la Lorraine enregistrent des rendements très hétérogènes, allant de moins de 10 q/ha à plus de 35 q/ha, qui reflètent l’état général des cultures en sortie d’hiver. Dans ces secteurs, la moyenne des parcelles récoltées oscillera entre 23 et 28 q/ha et devrait se situer autour de 25 q/ha. Au nord de la Seine, les rendements seront proches de leur moyenne quinquennale, entre 35 et 40 q/ha en moyenne.
Pois : des rendements en hausse
Malgré la diminution de près de 25 % des surfaces, l’augmentation du rendement national (42 q/ha) permet à la production de se maintenir autour de 600 000 t. Le rendement national retrouve ainsi le niveau moyen des cinq dernières années.
En ce qui concerne les grandes zones de production, les rendements se situent dans la plupart des régions entre 40 et 50 q/ha. Par rapport à l’année dernière, ils progressent en Bourgogne, en Picardie et région Centre (autour de 40 q/ha), tout en restant inférieurs à la moyenne quinquennale. L’augmentation des rendements est très significative en Champagne (47 q/ha) et Poitou-Charentes (plus de 40 q/ha). Dans la zone nord, non encore récoltée, les rendements attendus pourraient être encore plus élevés.
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