On dit ici et là que le Brésil est devenu « la ferme du monde », comme la Chine est devenue sont usine et l’Inde son bureau. De fait, il a le rare privilège de disposer de millions d’hectares de terres arables disponibles, qui sont progressivement mises en culture par un puissant complexe agro-industriel. Déjà premier producteur mondial de café et de sucre, premier exportateur mondial de viande de bœuf et de jus d’orange concentré, il est aussi plus récemment devenu le second producteur mondial de soja, alors que sa culture n’a commencé au Brésil que dans les années 1970.
Cette montée en puissance est en grande partie due à la mise en place dans les régions pionnières du Centre-Ouest, principalement dans le Mato Grosso, d’immenses domaines agro-pastoraux comme celui du groupe Bom Futuro, situé à Campo Verde, à une centaine de kilomètres à l’Est de Cuiabá, la capitale du Mato Grosso
Présentation du groupe Bom Futuro :
La fazenda Bom Futuro appartient à la famille Maggi-Scheffer, ses propriétaires sont trois frères et un beau-frère, qui ont commencé leurs activités agricoles en 1964 à São Miguel do Iguaçu, dans le Paraná. En 1982 ils se sont installés dans le Mato Grosso, alors au début de son boom agricole. En 1988 ils cultivaient 3 000 ha en partenariat avec d’autres membres de la famille Maggi, dont l’un des membres, a été un temps le plus grand producteur de soja au monde, et gouverneur du Mato Grosso. En 1993 les quatre associés ont pris leur indépendance, achèté la fazenda Bom Futuro et en 1994 commencé à y planter du coton.
Ce choix sera une des raisons principales de leur succès, avec la pratique systématique d’une deuxième récolte annuelle (soja + coton ou soja + maïs), le semis direct dans les chaumes (sans labour) et la diversification (élevage, pisciculture, production de semences).
La démesure :
À sa fondation, le groupe cultivait 2 500 ha. Aujourd’hui il en cultive 420 000 (en deux récoltes, sur 250 000 cultivables), et le domaine compte en outre 160 000 de terres destinées à l’élevage et aux réserves forestières que la loi brésilienne leur fait obligation de conserver.
Soja : 230 000 ha
Maïs : 105 000 ha
Coton : 75 000 ha
Autres cultures : 10 000 ha
Total : 420 000 ha
Les terres de la fazenda :
Le siège principal, situé à 32 kilomètres de l’entrée.
Les silos pour le stockage des grains
Toutes ces terres n’appartiennent pas du groupe, la moitié sont louées à des propriétaires qui ont chacun 1 000 ou 2 000 ha. Le prix de la location est calculé en sacs de soja, l’unité de compte universelle dans la région, coté à 57,65 Reais le 21 février 2014 à Primavera do Leste – la référence locale – soit 17,74 Euros à la même date. En moyenne elle se monte à 9 sacs par ha et par an (160 Euros, mais variant de 5 sacs pour des terres sableuses sans infrastructure à 13 sacs pour des terres argileuses et dotées de bonnes infrastructures, comme des silos, l’électricité, etc.). À l’achat ces terres vaudraient de 80 à 100 sacs (1 400 à 1800 Euros) pour les pour les terres sableuses à 400-500 (7 000 à 9 000 Euros) pour des terres argileuses proches de la ville. Il y a 10 ans les prix moyens étaient respectivement de 50 et 200 sacs (900 et 3 500 Euros au cours actuel du soja et des monnaies), ils ont beaucoup monté avec les prix des commodities, les denrées cotées en bourse et demandées par le marché international, la Chine en tête.
La production agricole
Le rendement en soja est en moyenne de 53 sacs par hectare, soit 3,2 t, mais cette année 2014 le groupe attend, si tout se passe bien, un rendement de 3,5 t/ha, avec de bon prix. Le maïs produit 6 t/ha en moyenne, mais comme il est planté en deuxième culture, il dépend beaucoup de la quantité de précipitations en fin de saison des pluies. C’est une loterie, mais qui peut donner de très bon résultats et de toute façon coûte peu, juste peu d’engrais puisqu’il utilise les mêmes terres, machines, silos et personnels que le soja qui le précède. Il est normalement prêt en 115 à 125 jours, mais souvent récolté à 140-150 jours puisqu’il clôt le cycle annuel et peut rester en terre sans dommage en période sèche.
À la fondation du groupe, le coton rapportait – selon le directeur technique – sept fois plus que le soja, mais cette différence tend à s’estomper, et ses cotations fluctuent beaucoup selon les années. Le marché est assuré puisque le Brésil consomme 800 000 t de fibres par an, et exporte le reste (mais pas tellement vers la Chine, un marché conquis par USA). En outre, comme le Brésil a réussi à conserver une partie de son industrie textile, les prix internes sont parfois meilleurs que ceux de l’exportation.
Outre le coton, un autre facteur qui a permis le succès de l’entreprise a été l’adoption du « semis direct », qui consiste a planter une récolte dans les chaumes de la précédente, sans labours ni hersage. Expérimentée dans les années 1980 – avec l’aide du Cirad, l’organisme français de coopération agricole – cette pratique a permis entre autres avantages de réduire l’érosion des sols, qui ne restent découverts que quelques jours, d’augmenter leur teneur en matière organique et les rendements.
Le coton ou le maïs sont donc semés juste après la récolte du soja, ce qui donne le temps d’une seconde récolte de maïs ou de coton sur les meilleures terres, alors que sur les plus sableuses on sème plutôt un millet destiné à devenir un engrais vert ou de la brachiara(Brachiaria brizantha) une graminée fourragère destinée à nourrir le bétail mais aussi particulièrement utile pour son pouvoir restructurant sur les sols.
Semis direct dans la culture d’engrais vert
Tout cela suppose évidemment une mécanisation massive et les machines en tout genre ne manquent pas dans les fazendas du groupe, depuis les semoirs capables de semer des grains sur près de cinquante rangs à la fois jusqu’aux moissonneuses-batteuses dont les barres de coupe ont une envergure de plus de quinze mètres.
Un semoir à 49 lignes
Au moment des récoltes, et tout particulièrement de celle du soja, qui était en cours lors de notre visite en février 2014, s’organise donc dans les champs et sur les routes qui sillonnent le domaine un ballet complexe de moissonneuses, transbordeurs, camions de transport vers les silos, tracteurs et semoirs, camions citernes, etc.
Récolte du soja à la fazenda Filadelfia
Une des moissonneuses-batteuses
Au moment de la récolte il faut en outre traiter avec un soin particulier les parcelles destinées aux semences de la campagne suivante. La partie du domaine dont c’est la spécialité produit plus de 700 000 sacs de 60 kg de graines de soja par an (la livraison des semences se fait dans de grands bacs, mais ici aussi la production est comptée en sacs). Bom Futuro en utilise environ 30 %, vend le reste et produit également ses semences de coton, de maïs, de sorgho et d’autres cultures.
Dans d’autres parties du domaine des installations de type plus industriel qu’agricole sont destinées au traitement du coton qui est expédié en fardeaux comprimés vers les filatures ou les ports d’embarquement.
Expédition des fardeaux de coton
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